EKES 03-04
Vivacités écologiques
et art contemporain

En 2023 et 2024, le programme de recherche EKES – «Vivacités écologiques et art contemporain» est lauréat de l'appel à projets Recherche dans les Écoles Supérieures d’Art et de Design (RESAD) du Ministère de la Culture diffusé en 2022. 
Le troisième volet de recherche d’EKES (EarthKeeping EarthShaking) se déploie ainsi sur deux ans pour œuvrer à la thématique des «vivacités écologiques» dans un contexte d’urgence climatique: déplacements, errances, tentatives, énergies, fulgurances. 

En 2023, EKES – «Vivacités écologiques et art contemporain» place le végétal au cœur de ses problématiques. Si une plante vivace confond son énergie dans le fait d’éclore et de subsister alors même qu’on la pensait disparue, on considère ce caractère vivace comme une nécessité, une «vivacité écologique». Car cette vivacité devient condition à la vie, à une vie qui se renouvelle, se régénère, se renforce dans un contexte environnemental qui a contrario se traduit par l’appauvrissement des écosystèmes, du vivant, des ressources indispensables à la vie des plantes comme à la vie humaine. Si une plante vivace confond son énergie dans le fait de sortir et ressortir de terre, année après année, saison après saison, comment s’assurer d’une durabilité, conditionnée au renouvellement de tous les écosystèmes vivants ?

En 2024, EKES – «Vivacités écologiques et art contemporain» place le féral au cœur de ses problématiques. Équivalent du terme anglo saxon feral, il désigne un retour à l’état sauvage, une sorte de «dédomestication» des animaux ou des plantes cultivées. Cette notion se transforme en concept novateur dans le champ des sciences humaines et sociales lorsqu’en 2021, Stanford University Press publie la plateforme numérique Feral Atlas: The More-Than-Human Anthropocene¹ sous la direction d’Anna Lowenhaupt Tsing, anthropologue de l’environnement, notamment. Dans ce contexte, feral énonce la capacité, l’agentivité de certaines entités à proliférer au cœur d’infrastructures qui leur sont hostiles, soit de par les relations économiques, sociales ou humaines, soit de par le type d’activités (industrielles, déforestation, etc.) qui s’y déploient.

Ce concept trouve aujourd’hui un écho sensible dans nombre de pratiques et réflexions qui considèrent les entités proliférantes de nos milieux de vies avec un art de l’attention soutenue (arts of noticing²). Souvent inscrites dans des milieux anthropisés, elles observent, remarquent, relèvent, et donnent à voir les indices d’une écologie de relations interspécifiques qui sont désormais les nôtres, humaines comme non-humaines. 
Les espèces végétales en témoignent abondamment. Leurs potentiels de régénérescence —leurs capacités à éclore et à subsister, comme celui d’assurer leur renouvellement malgré leur précarisation— énoncent pleinement leurs conditions férales, leurs «vivacités écologiques». On s’intéresse ainsi aux formes d’expressions de l'art contemporain qui enquêtent sur ces terrains, traitent de ces entités férales en les considérant avec attention, en les remarquant. À celles et ceux qui en inventorient et en figurent les qualités comme les particularités.
Dans la continuité de ses travaux menés sous le prisme de l’interdisciplinarité, EKES – «Vivacités écologiques et art contemporain» donne la parole à des artistes, des commissaires d’exposition, des écologues, paysagistes, philosophes mais aussi à une théoricienne du cinéma et une ethnobiologiste:

Rozenn Canevet, Teresa Castro,
Rébecca François, François Génot, Géraldine Longueville,
Audrey Marco, Michael Marder,
Agnès Prévost,
Elvia Teotski, Alejandra Riera,
Meredith Root-Bernstein,
Jacques Tassin, Stéphane Verlet-Bottéro,
Kathryn Weir.

Ce troisième volet de recherche se fonde sur leurs communications lors de journées d’étude biannuelles en 2023 et 2024, conçues en partenariat avec le département Arts de l’École nationale supérieure de paysage de Versailles-Marseille (ENSPV-M) et l’ÉSAD de Reims.

Pour télécharger
le programme des journées d’étude en 2023,
cliquez ici
ou bien celui en 2024,
cliquez ici.

1
Tsing, Anna Lowenhaupt, et al., éditeurs. Feral Atlas. The More-than-Human Anthropocene. Stanford University Press, 2020. Open WorldCat, http://feralatlas.org.

2
Tsing, Anna Lowenhaupt. Le Champignon de la fin du monde. Sur la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme, trad. Philippe Pignarre, Paris, La Découverte, coll. «Les Empêcheurs de penser en rond», 2017.

ARC EKES «Vivacités écologiques» 

L’Atelier
de Recherche et Création EKES
est un séminaire de recherche au cours duquel un groupe d’étudiant·es produit un travail en lien avec les thématiques abordées par
le programme de recherche
éponyme. 

Voyage d’étude

Au printemps 2023, un séjour de recherche est organisé en partenariat avec le Madre (Museo d’arte contemporanea Donnaregina) à Naples. La programmation curatoriale menée par sa directrice Kathryn Weir lors des expositions «Rethinking Nature» (Naples, 2021-2022), «Utopia Distopia: il mito del progresso partendo dal sud» (Naples, 2021- 2022) rencontre les problématiques du programme de recherche EKES. Accueilli·es par l’équipe du Madre et Pietro Scammacca, chargé des expositions au Madre, une première série de visites d’ateliers est organisée du 25 au 28 mars 2023 pour rencontrer des femmes artistes de la scène artistique napolitaine, historique et contemporaine, dont le travail rentre en résonnance avec ce thème des «vivacités écologiques»: Raffaela Mariniello, artiste, Mathelda Ballatresi et Veronica Bisesti, artistes, Rafaella Naldi Rossano, artiste, l’atelier de Rosa Panaro, artiste, Giulia Piscitelli, artiste. S’ensuit une deuxième série de rencontres jusqu’au 30 mars 2023, pour rencontrer trois pensionnaires de la Villa Medicis, Académie de France à Rome:la curatrice, éditrice et critique Dorothée Dupuis, l’écrivain et artiste François Durif et Sarah Vanuxem, Maîtresse de conférences en droit.  

Encadrant·es:
Fabrice Bourlez et Rozenn Canevet

Remerciements spéciaux à Kathryn Weir et Pietro Scammacca ainsi qu’aux artistes et pensionnaires rencontré·es.

Workshops

En 2023 et 2024, le partenariat d’EKES avec le département Arts de l’École nationale supérieure
de paysage de Versailles-Marseille permet aux étudiant·es de l’ARC EKES de l’ÉSAD de Reims de participer avec les étudiant·es DEP2 de l’ENSPV-M à deux sessions successives du workshop «Sur le vif» initié par Agnès Prévost, artiste et chargée d’enseignement à l’ENSPV-M: «Le workshop «Sur le vif» vous invite à regarder un lieu ou un territoire depuis les plantes qui l’habitent —ces autres «points de vie» (E. Coccia)— pour formuler une proposition artistique qui mettra en récit ce territoire.
Sur la base de perceptions sensibles et de connaissances en écologie et en botanique, le workshop «Sur le vif» propose de se placer en empathie avec le monde végétal, et élaborer une proposition plastique nourrie de la subtilité de compréhension à laquelle les plantes peuvent nous mener.»

En 2023

Le workshop «Sur le vif» propose d’entrer dans la complexité de nos relations aux plantes dans le but de pouvoir affiner les représentations fixes ou dynamiques que l’on en donne. Pendant trois jours, on prend le temps d’observer leurs formes, de remarquer leurs relations au site, de s’immerger dans leurs milieux pour qualifier leurs «vivacités écologiques». Saisir leurs propriétés et leurs altérités formelles, sensibles, culturelles, permet d’ouvrir une perspective inattendue du site donné (le jardin du Domaine de Madame Elisabeth à Versailles) et d’y engager une démarche de création. Chaque groupe choisit dans le jardin un cercle restreint de deux mètres de diamètre. Au fil des trois jours, sur le modèle de David Haskell, par les moyens spécifiques de l’écriture et de la photographie au sténopé, ce qui est perçu et observé dans ce cercle fictif est décrit et approfondi. Graphies et photographies font l’objet de restitutions collectives.

Encadrant·es:
Agnès Prévost, Rozenn Canevet, Olivier Gonin, Anaïs Tondeur,
Alejandra Riera.

Participant·es à l’ARC EKES 2023: Ariane Bertrand, Alva Cederbygd, Lou Favreau, Sasha Filomenko-Cagny, Lauryn Houel, Paloma Jan, Mathis Marsepoil, Tara Menuet, Danaë Normant, Matteo Pereira, Rémy Thélier.

En 2024

Le workshop «Sur le vif» investit le site de la Plaine des Mortemets à Versailles. C’est actuellement une zone de co-activités avec, en baux temporaires: un ancien centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) vide, un nouveau CHRS, livré début 2021, démolition prévue en 2030, un accueil d’urgence, annexe du 115, un centre d’accueil pour migrants, bâtiment réinvesti en urgence, après évacuation d’un campement Porte de La Chapelle, une ancienne caserne militaire, centre d’accueil pour demandeurs d’asile, un dépôt de bus Kéolis, des logements légers pour le personnel des écuries de Bartabas, des jardins partagés, un stand de tir de loisir, et également une zone de stockage des déchets verts issus de différents lieux versaillais, dont le Grand Parc. Faisant suite à la journée d’étude EKES sur le thème des vivacités écologiques —dont le propos se recentrait sur la dimension férale des végétaux—, ce workshop propose à la cinquantaine d’étudiant·es réuni·es de réaliser un inventaire des specimens sur un périmètre défini de la Plaine. Prenant la forme d’une enquête de terrain, cette base de recherche donne à lire un récit en creux du site. Il s’agit alors de le déployer par une réalisation en volume in situ.

Encadrant·es:
Agnès Prévost, Rozenn Canevet, Olivier Gonin, Anaïs Tondeur,
Elvia Teotski.

Participant·es à l’ARC EKES 2024:
Ariane Bertrand, Am Courbot, Loïse Legars, Ploipailin Vial, Hyacinthe Trottin, Jordi Cansouline, Martin Aublant, Apolline Genty, Alice Bambrzak, Marie Antonin, Marine Larnicol.